samedi 13 octobre 2012

Xaxado...






Voici Lucas Arvoredo
Qui menace de son couteau
Aux hommes il fait froid dans le dos,
Pour les femmes c'est un agneau

Arvoredo le voici,
Qui menace de son poignard,
Sois sans nulle crainte ma mie,
Car je ne suis pas un barbare...



Affiche du film brésilien O Cangaceiro réalisé par Lima Barreto en 1953.
C'est l'un des plus grands succès du cinéma brésilien.



  [...] Bon gré, mal gré, les hommes et les femmes étaient poussés à l'intérieur du cinéma. Outre le parterre, il y avait quelques loges latérales, et ce fut l'une d'elles que Lucas réquisitionna pour lui, un de ses hommes et le voyageur. Au parterre, une cinquantaine de personnes se rencognaient sur leur siège. Lucas remarqua le Juge qui, auprès de sa femme et de ses filles, avait perdu ce qui lui restait de suffisance. Il appela un cangaceiro, il en vint trois.
  - Amenez le Juge dans une loge.

  La femme du Juge était très grosse, et ses filles, trois jeunes personnes entre vingt et trente ans, n'avaient rien à lui envier quant à l'embonpoint. Leurs seins énormes débordaient de toutes parts. Elles sanglotaient et, quand il les vit, Lucas fit une grimace :
  - Quels éléphants!
  Le voyageur de commerce se força à sourire. On plaça le Juge dans une loge voisine, sous la surveillance d'un homme et, quelques minutes plus tard, on y conduisit aussi le Maire. En attendant le début du spectacle, Lucas examinait les femmes larmoyantes du parterre. Son regard se fixa sur l'une d'elles, vêtue d'un tailleur bleu ciel, les joues pâles et les cheveux blonds. Elle ne passait pas pour jolie, aux yeux des garçons de la ville. Mais ce qui séduisit Lucas, ce furent ces cheveux blonds, coupés en une petite frange sur le front. Ils se répandaient sur ses épaules et rendaient son visage plus pâle et plus mince encore.
  - Qui est-ce celle-là?
  - C'est l'institutrice du Groupe scolaire.
  Il fit signe à l'homme qui se trouvait à côté de lui.
  - Amène-la par ici...

  Sous les regards épouvantés de la salle, on traîna presque la jeune fille jusqu'à lui. Les spectateurs formaient une masse terrorisée. Aucun d'eux ne savait ce qui allait lui arriver, à lui ou aux siens. Ils s'estimeraient heureux s'ils sortaient de là sains et saufs ! La légende de Lucas était une succession ininterrompue de crimes, d'assassinats, de pillages et de viols.

  Quand l'institutrice entra dans la loge, Lucas lui dit :
  - Pleurez pas, ma belle. Je suis pas une bête féroce... Casez-vous sur cette chaise et arrêtez de pleurnicher.

  La jeune fille s'assit à côté de lui et se fit toute petite dans un coin. Lucas avança sa main lourde et calleuse, encore toute sale de nourriture, saisit la chevelure fine et dorée, douce comme de la soie, et y enfonça les doigts avec un plaisir qui lui parcourut le corps jusqu'à la plante des pieds. Il lui sourit, montrant le peu de dents qui lui restaient. La jeune fille se recroquevilla davantage encore sur sa chaise. Il fit glisser sa main et la laissa reposer sur la nuque fragile, puis il se remit à jouer avec ses cheveux.



Hugo Pratt (1927-1995) ; La macumba du gringo, 1977


  Zè Tonnerre pénétra dans le cinéma, entraînant la veuve du lieutenant. Il la tirait par le bras, il lui avait déjà donné plusieurs gifles en chemin. Elle était venue dans l'état où il l'avait trouvée chez elle, en pantoufles, dépeignée, sanglotante. Il la jeta comme un ballot sur une chaise :

  - Mets-toi là, mule...

  Dans un silence de haine et de terreur, les spectateurs observaient. Des femmes se cachaient le visage derrière leurs mains, se demandant ce qui allait leur arriver. Seule Quinquina, une vieille fille d'une quarantaine d'années, ne semblait pas effrayée. Quand le cangaceiro l'avait emmenée jusqu'au cinéma, elle lui avait même souri, s'émerveillant de sa jeunesse. C'était Doux-Bec, un des bandits dont la réputation était des plus terribles, bien qu'il n'eût pas encore vingt ans.

  Lucas trouvait que la séance tardait à débuter et craignit une trahison. Il fit renforcer la garde autour du cinéma et poster un homme à chaque coin du bâtiment. Il dit ensuite au Maire et au Juge :
  - Si un « singe » rapplique ici, je vous descend tous les deux, compris ? - puis il ajouta en désignant la femme et les filles du Juge : et ces pouffiasses aussi ! Et c'est pas tout : si ce cinéma commence pas tout de suite, je vais m'expliquer avec le patron.

  Le Maire sortit de sa loge (le Juge n'avait plus de force) et il balbutia le nom de Gentil ; le patron du cinéma accourut.
  - Seu Lucas veut qu'on commence tout de suite.
  - Mais... j'attendais qu'il me l'ordonne...

  Les lumières s'éteignirent. Le voyageur de commerce remarqua le geste de Lucas qui avait lâché les cheveux de la jeune fille et saisi son revolver. Sur sa chaise, l'institutrice en profita pour s'écarter de lui le plus possible. Pressée contre les parois de la loge, elle ne voyait même pas les sous-titres de l'écran.





Pistolet Luger, le fameux "Parabellum", arme préférée des cangaceiros et de Lampiao en particulier.
Il portait un modèle 1908 de 9 mm lorsqu'il fut tué...



  C'était un film de cow-boys, du temps du cinéma muet. Le Ciné-Théâtre Rex n'était pas encore pourvu d'appareil sonore. Mais, pour Lucas et ses hommes, cela importait peu. Ce qu'ils aimaient, c'étaient les coups de revolver, les poursuites à cheval, et Tom Mix (dont ils ne savaient même pas le nom), dominant ses adversaires. Ils applaudissaient aux scènes les plus héroïques, hurlant pour encourager le « p'tit gars ». Ils redevenaient les enfants qui s'étaient extasiés devant le canard à ressort. Lucas en oublia les cheveux dorés de la jeune fille.


  Il y eut une scène de bagarre, où Tom Mix, aux prises avec une vingtaine d'adversaires, les vainquit tous de son bras puissant. Lucas n'y résista pas, il voulut revoir la scène, il ordonna qu'on la passât à nouveau, mais lentement, beaucoup plus lentement. Figée, la salle suivait les péripéties sur l'écran. Ces bandits qui poursuivaient la fiancée de Tom Mix étaient vraiment risibles, à côté de Lucas et de sa bande, de cette effroyable présence des cangaceiros ! Dans l'obscurité, ils ne les voyaient pas distinctement, mais ils sentaient l'odeur qui émanait d'eux, âcre et fétide ; ils entendaient les rires, les commentaires :
  - Ah! quel fils de pute, celui qu'a les moustaches !

  Quand le film fut achevé et que la lumière se fit, Lucas n'était pas encore satisfait. Il donna des ordres pour que l'on passât la pellicule à l'envers, le haut en bas. C'était une de ses distractions favorites. Quand il pénétrait dans une ville où il y avait un cinéma, il aimait à voir les films des deux manières. Et la torture recommença pour les spectateurs. Quinquina fut la seule à rire en voyant les personnages s'agiter les pieds en l'air, marcher la tête en bas, et la terre se trouver là où aurait dû être le ciel.

  On projeta ensuite un film de Charlot, et les aventures du vagabond les mirent au comble de la joie. Le traître était un géant d'une force colossale et, quand il commença à battre Charlot, un des brigands n'y résista pas, il envoya trois balles sur l'écran. Des femmes s'évanouirent, mais le traître n'en continua pas moins sa besogne.
  - Cogne pas sur ce pauv' type, fils de jument !

  Enfin, la lumière se fit. La femme du lieutenant avait perdu connaissance. Zè Tonnerre la chargea sur ses épaules et il sortit avec elle. Les bandits entouraient les spectateurs, ils se dirigèrent tous vers la salle de la Philharmonique. Lucas avait pris le bras de l'institutrice, il approchait son nez de la chevelure dorée et reniflait le parfum de la jeune fille en riant de contentement.

  Folle de peur, une des filles du Juge tenta de s'enfuir. D'une taloche, un cangaceiro la jeta à terre, sa mère alla la relever en pleurant. Le Juge, lui aussi, en avait les larmes aux yeux. À la Philharmonique, les musiciens commencèrent à jouer dès qu'ils arrivèrent au coin de la rue. On avait fait venir du bar le stock complet de vin et de cachaça. Un peu au-dessus des maisons, une lune ronde et jaune luisait dans le ciel ; sa clarté se répandait sur les cheveux dorés de la jeune femme, y faisant naître tout un jeu de nuances imprévues et plus belles encore.



Célèbre photographie de Benjamin Abrahão (à gauche), 
de Lampião et de sa compagne Maria Bonita ; 1936
 

["Je ne me fais pas d'illusions
Sur cette vie dans le cangaço
Tant qu'il y aura des fusils et des balles
Je suivrai toujours cette route !
Pour la mort de mon père
Écoutez bien ces paroles
Même les innocents paieront
Il ne restera rien d'eux !

Tant qu'il y aura des fusils et des balles
Des grottes, des montagnes et des rivières
Des buttes, des collines et des vallons
Je lutterai sans relâche
Je me battrai avec qui veut
Échappera qui pourra
Je ne servirai jamais de paillasson

J'ai tué qui a fait tuer
Je suis mille fois un assassin
Je tuerai à l'infini
J'accomplirai mon destin
Un Lampion comme moi
Vous pourrez raconter qu'il est mort
Mais pas qu'il a fini comme Silvino."

D'après Estacio de Lima qui attribue ces vers de cordel à Lampiao lui-même...]









  En toute justice, on ne pouvait pas dire que la fête fût animée. Morne, le mot s'appliquerait encore moins au bal que donnait Lucas Arvoredo dans la ville envahie. On eût dit plutôt un enterrement accompagné de musiques joyeuses, de sambas et de fox. On avait réussi à rassembler environ la moitié des musiciens, tous ceux qui se trouvaient dans la ville n'ayant pas eu le temps de se réfugier dans les bois. Et une trentaine de femmes, jeunes et vieilles, évoluaient dans la salle, tirées ou traînées par leurs cavaliers, dont la plupart étaient des cangaceiros de la bande. Mais Lucas voulait voir tout le monde danser. Il y avait obligé le Juge, le Maire, le voyageur de commerce. Il avait fait donner à boire aux musiciens et versait de la cachaça aux femmes. L'institutrice le suivait, les pieds meurtris, incapable de réagir, remettant son sort entre les mains de la Providence.
  - Qu'il arrive ce que Dieu voudra... murmurait-elle.
   Elle avait un fiancé en ville, mais il lui semblait qu'il appartenait à un passé lointain, à un rêve qui s'estompait devant la réalité nouvelle. Lucas lui baisait les cheveux.

  Ce bal était démoniaque. Si le curé de la paroisse n'avait pas été un des premiers à s'enfuir lorsqu'on avait annoncé la venue de Lucas, il aurait trouvé, certes, un excellent sujet de sermon dans ce bal sans joie, mais où les danses rapides, la musique entrecoupée de coups de feu et de cris, les bouteilles vidées en un clin d’œil et les femmes à demi suffoquées par l'alcool, mettaient un faux air de gaieté.

  Zè Tonnerre traînait la femme du lieutenant. Elle allait, comme inconsciente. Sans même qu'elle s'en aperçût, ses pieds suivaient le rythme de la danse. Sa pensée était auprès de son mari mort, de son enfant qu'elle avait laissé seul à la maison ; rien de ce qui se passait là ne pouvait plus la toucher.



Photographie de Alvaro Severo : Trio de forró pé-de-serra...
(making of "Pernambuco tem valor" - Rede Globo, 1999) - Dir. Sônia Lessa - Serra Talhada - Pernambuco - Brasil
 

  Quand la musique se tut, tous restèrent figés. Les hommes de la ville regardaient leur femme et leurs filles, tremblantes dans les bras des bandits. Alors, Lucas prononça les paroles fatales que les habitants de la cité avaient redouté d'entendre à chaque instant.

  - Dites donc, il fait rudement chaud, ici, on va se mettre à poil...
  Il frappa ses mains l'une contre l'autre :
  - Allez, tout le monde, et qu'il en manque pas un seul!
  Il s'adressa à l'institutrice :
  - Toi aussi, cheveux d'or...
 Les hommes et les femmes restèrent immobiles. Le voyageur de commerce tenta d'intervenir. Le visage de Lucas se ferma :
  - Vous aussi, foutez-vous à poil.

  Sous la menace des poignards, ils commencèrent à se dévêtir. La femme du Juge était d'une grosseur d'hippopotame. Ses seins retombaient sur son ventre. Son mari, en compensation, était maigre comme une trique, les os de ses côtes saillaient. Lucas les imaginait dansant tous deux, nus au milieu de la salle. Il donna à l'orchestre l'ordre de jouer une valse. Il appuya son poignard sur le ventre de la femme du Juge. Elle se cachait le visage derrière ses mains ; jamais elle n'aurait imaginé éprouver une telle honte.
  -Vous deux, allez danser !
  Les cangaceiros se mirent à rire ; un marchand, lui aussi, ne put s'empêcher de rire, bien que son épouse se trouvât là, nue comme les autres. Dans la salle, le Juge et sa compagne marchaient plus qu'ils ne dansaient. C'était un spectacle bouffon de les voir, elle dont la graisse débordait de toutes parts, lui si maigre, et leurs yeux pleins de larmes, à tous deux.

  Les dernières notes de la valse expiraient à peine, quand l'orchestre attaqua une samba.
  - Que tout le monde danse ! dit Lucas.




Photographie de Alvaro Severo : Xaxando nas caatingas... (making of "Alpercata de Rabicho"
- TV Cultura 1998) - Dir. Petrônio Lorena - Serra Talhada - Pernambuco - Brasil



  Il empoigna l'institutrice, il sentit son corps défaillir dans ses bras. Zè Tonnerre soutenait la veuve du lieutenant, à laquelle il avait arraché de force ses vêtements. Elle le regardait, distante et silencieuse.


  Et le bal se poursuivit ; les cangaceiros, de plus en plus ivres, sentaient monter en eux le désir. Chacun se mit à choisir sa favorite et, lorsque Lucas entraîna l'institutrice vers une salle du fond, ils commencèrent à prendre les femmes là même, à la vue de tous. C'était une scène inconcevable, traversée de cris. Les quelques hommes qui tentèrent de s'y opposer furent aussitôt acculés dans un coin par les armes de deux ou trois bandits.

  Mais le moment le plus tragique fut celui où Zè Tonnerre renversa la veuve du lieutenant. Quand elle comprit ce qui allait se passer, elle perdit complètement la tête et se mit à courir dans la salle. Il la poursuivait ; l'ivresse le faisait trébucher sur les chaises et tomber. Mais elle sentait ses forces l'abandonner et il parvint à la rejoindre et à l'enlacer. Détournant son corps, elle le griffait et le mordait, cherchant à se dérober. On entendait les gémissements de douleur que poussaient les femmes violées.

  Zè Tonnerre tâchait de l'immobiliser avec les bras, les jambes sur les siennes.
  - Femme de singe, tu vas voir ce que c'est qu'un vrai mâle...
  À présent, il lui semblait que les pleurs de son fils parvenaient jusqu'à elle. Soudain, elle eut un éclair de lucidité. Elle réussit à se dégager de l'étreinte du bandit qui s'apprêtait à la posséder et le regarda dans ses yeux d'ivrogne.
  - Vous n'avez pas de mère, malheureux ?
  La question était si inattendue que Zè Tonnerre la comprit à peine. Il se souvenait parfois de la vieille Jucundina, mais c'était la dernière chose à laquelle il avait envie de penser à ce moment-là.
  - Laisse donc la vieille tranquille !
  - Si vous avez une mère, pensez à elle, et rappelez-vous que j'ai un fils, moi aussi. Cela ne vous suffit-il pas d'avoir tué mon mari ? Laissez-moi partir, pour le bien de votre mère...
  Elle était sérieuse et immobile devant lui. Elle ne dissimulait aucune partie de son corps. Zè Tonnerre revoyait la vieille Jucundina marchant dans là maison, grondant ses enfants, les regardant avec amour. La femme continuait :
  - Je vous le demande pour le bien de votre mère ! Si vous ne me laissez pas m'en aller, qu'elle vous maudisse ! Je ne vais plus essayer de m'échapper, c'est vous qui savez ce que vous avez à faire... C'est pour le bien de votre mère !




Photographie de Alvaro Severo : Grupo de Xaxado Cabras de Lampiao
- Serra Talhada - Pernambuco - Brasil

   Zè Tonnerre passa la main sur ses yeux, il ne pouvait en chasser la vision de la vieille Jucundina.
  - Bon, ça va, mais décampe, vite, avant que je change d'idée !
   La femme s'élança vers la porte, elle saisit au passage une pièce de vêtement qui traînait par terre. Elle s'en couvrit et se précipita dans la rue.

  Zè Tonnerre resta sans bouger, sans savoir que faire. Il voyait encore la vieille Jucundina, et, maintenant, il l'imaginait, nue au milieu de la salle. II repoussa un homme de son chemin.
  - Fous le camp, saloperie
   Il s'empara d'une bouteille de cachaça.

  De l'intérieur de la pièce où se trouvait Lucas, parvint un cri déchirant. Une odeur de chair roussie se répandit dans la salle de bal. Un cangaceiro dit :
  - Lucas a marqué la blondine !
  Le voyageur de commerce eut un vertige. Il s'assit sur une chaise, tout tournait devant lui. Lucas surgit dans la salle, brandissant un fer rouge, et traînant la jeune fille par les cheveux ; un L de sang tachait son épaule blanche comme du lait. Arrivé là, il se jeta de nouveau sur elle, qui était inanimée. Zè Tonnerre parcourait la salle des yeux ; les femmes qui restaient étaient toutes vieilles et laides. Déjà, il se repentait d'avoir laissé partir la veuve. Il n'avait plus la vision de Jucundina devant les yeux, et le désir s'emparait de lui à nouveau. Personne n'avait voulu d'une des grosses filles du Juge. Zè Tonnerre lui cria :
  - Viens ici, cane couveuse !



Em 06 de janeiro de 1932, Lampião e seu grupo invadiram Canindé do São Francisco/SE.
De imediato, o Rei do cangaço mandou pegar algumas mulheres (Maria Marques, irmã do soldado Vicente Marques ; Izaura, casada com o soldado Bilrinho; Anizia, conhecida por Zininha, além de outras).
O cangaceiro Zé Baiano ( o qual havia sido traído pela bela Lídia ), esquentou seu "ferro" o qual tinha as iniciais "JB", deixando-o em brasa, e ato continuo, seguindo ordem do chefe, ferrou, em pleno rosto, a Sra.


 
  La jeune fille tenta de s'enfuir, elle tomba, il lui appuya son poignard sur le cou :
  - Si tu bouges, j'enfonce !
  L'odeur de chair roussie disparaissait peu à peu. Les musiciens s'étaient échappés par les fenêtres. L'orchestre se composait maintenant de soupirs, de sanglots et de gémissements. Le bal de Lucas Arvoredo touchait à sa fin.

  À l'aube, ils partirent en camion. Le chauffeur conduisait, le revolver de Doux-Bec appuyé sur sa poitrine. Au bout de quelques lieues, quand le soleil était déjà haut, ils le firent stopper, tirèrent sur les pneus et se perdirent dans la caatinga.




Jorge Amado (1912-2001) ; Seara vermelha, roman, 1946 : Les Chemins de la faim, trad. par Violante do Canto, Les Éditeurs français réunis, Paris, 1951, 383 p.




 Caminhos da Caatinga

(À suivre...)

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